Pour réaliser cette série, nous avons rassemblé 19 Designers passionnants afin de nous donner leur vision du Product Design actuel ! Ils travaillent pour des produits B2B, B2C ou B2E, pour des start-ups, scale-ups ou grands groupes; ou encore pour des agences ou cabinets de conseil ; en France ou à l'international.
Mais avant de commencer, nous tenons à les remercier 🙌 et à vous les présenter !
Sans plus attendre, passons à la première question que nous leur avons posée et à laquelle il n'est pas toujours si évident de répondre.
Comment et pourquoi vous êtes-vous lancé dans le design ?
Anthony Adam - Senior Product Designer @ Change.org
“Cette question m’a donné à réfléchir. Ma première réponse, la plus évidente, serait de dire que je ne me suis pas “lancé” dans le design. Du moins pas comme ceux qui choisissent - aujourd'hui - d’aller à l’école pour apprendre le “design” ou qui feraient une formation sur le sujet.
Du coup, parlons parcours. J’ai commencé à créer des sites internet à une époque où les modems faisaient ce bruit 📣. J’ai étudié une spécialité qu’on nomme communication graphique (ou comment concevoir des choses qui seront imprimées), j’ai travaillé à mon compte, en agence web et finalement je suis passé par plusieurs start-ups (Doctolib, Pretto, Change.org…). De mon point de vue, dans ce chemin, il n’y a jamais eu un embranchement précis où je me suis dit “Allez, je vais être Product Designer”. Rien ne m’a préparé à concevoir des “produits” numériques. Mon métier a évolué, j’ai évolué avec lui.
Au regard de ce chemin, je pense intéressant de faire 2 conclusions :
- Nos métiers actuels sont liés au numérique. Ils ont subi plusieurs transformations - comme beaucoup d’autres - liées à deux révolutions majeures dans l’histoire humaine : internet et les smartphones.
- La technologie évolue à une vitesse exponentielle. Et je ne pense pas que cela va s’arrêter. Au regard de ce constat, je suis persuadé que la façon dont je décris mon métier actuel - et le titre qui va avec - n’est qu’une version en construction d’un autre métier qui apparaîtra dans quelques mois, années… Il est peu probable que mon chemin s’arrête ici. Et le vôtre non plus !”
Guillaume Baptiste - Designer / Coach-formateur @Frontguys & @Bloomr
“Un gros hasard au début : je ne savais pas quoi faire de ma vie professionnelle, comme beaucoup de gens. Quelques mois avant de passer le bac, j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait dans le design graphique et la communication visuelle. J’ai fait un saut dans son école et je me suis dit qu’entre ça et travailler à l’usine, c’est sûr, ça vendait plus de rêve.
À savoir : je ne connaissais strictement rien au design. J’avais néanmoins quelques encouragements et détriments issus de croyances limitantes. “Tu dessines bien, tu devrais faire du design”, “c’est pas avec un bac STT que tu pourras faire ces études”. J’ai entamé un cursus de design industriel avec plusieurs “mais” : mais j’habitais loin donc beaucoup de temps de transport, mais le prix de l’école était très élevé donc je travaillais à côté, mais j’étais peu mature, qu’au final j’ai la sensation d’être passé un peu à côté. J’ai bouclé mes études en 3 ans au lieu de 5.
Une fois les études terminées et les idées un peu plus claires, j’ai fait mes preuves dans le packaging. Mon CDD de l’époque m’a permis de constater un décalage entre ce que j’avais compris du design et ce pour quoi je voulais le mettre à profit (l’éthique qu’elle tire avec elle : apporter des solutions inclusives à des problèmes en prenant en compte les critères sociaux, environnementaux et économiques, avec une démarche humaniste et créative) et celle que je voyais dans le monde du travail.
J’ai vu des designers créer un besoin et d’autres y répondre. J’ai vu une débauche de matières et de ressources utilisées pour un résultat si peu bénéfique ; résumons par : design pour vendre plus. Les magazines me montraient des designers comme Stark en décalage avec le but du design, et des lectures comme les ouvrages de Victor Papanek et de Dieter Rams m’ont montré qu’il y avait déjà ce décalage il y a une quarantaine d’années : le design n’était pas utilisé pour servir un être humain ou une société, mais pour entretenir un système économique.
Aujourd’hui, je suis, en tant que designer ou être humain, au service des êtres vivants. J’aide à la résolution de problèmes, je mets le design au service de la Société, et au service de l’environnement autant que je peux le faire.”
Prisca Bernard - Head of UX @ SeLoger
“J’étais en fac de psycho, les sciences cognitives me passionnaient mais leur application restait du domaine de la recherche, un peu trop théorique pour moi.... Un jour une prof est venue nous parler du master d’ergonomie et des champs d’application possibles... Ça a été une révélation ! Tout ce que j’avais toujours voulu faire, sans savoir que ça existait : comprendre les besoins des gens et les mécanismes sous-jacents à la réalisation d’une activité, pour ensuite imaginer, concevoir, inventer une solution. Un mix entre l’empathie et la créativité qui m’a tout de suite parlé.
J’ai donc choisi de faire ce master et ai d’abord voulu travailler sur des tableaux de bord de véhicules, d’où mon stage chez PSA, puis je me suis tournée vers le monde du digital, surtout par opportunité au départ, mais je n’en suis jamais sortie.”
Nadège Bide - Head of UX @ vNext
“Je crois me rappeler que c’est le côté “artistique" qui m’a attirée dans le Design au départ. En effet, je dessine depuis toute petite. Je fabriquais tout le temps des objets, en papier, des origamis, des affiches, des boîtes, des décors.
Mes études de design m'ont amenée à m'intéresser aux 4 grands domaines d’Arts appliqués : Espace, Image, Objets industriels et Mode. Je me suis orientée vers le design de mode parce que j’aimais l’idée de pouvoir prototyper facilement ; on n’a pas besoin de beaucoup de matériel pour passer d’un croquis à un vêtement. Et j’aimais aussi le rapport au corps, à l’esthétique et aux codes… avec le vêtement, on peut raconter une histoire, c’est intime et on peut s’inventer un personnage. Il y aussi un côté organique avec les matériaux souples, sensuels et plastiques à la fois puisqu'on peut aussi créer des imprimés, jouer avec les formes et les couleurs.
Je me suis orientée peu à peu vers le numérique en me servant de lui comme d’un medium au début (des sites vitrines pour raconter des histoires de marques)... Et j’y ai retrouvé avec le product design les mêmes intérêts autour de la narration et du prototypage rapide. La notion de design de service, plus récente, est venue avec la diffusion des technologies et leur appropriation par les utilisateurs. La démocratisation des outils techniques auprès du grand public en fait un terrain de jeu sans limite. Elle permet d’avoir un impact sur la vie des gens qui m’intéresse beaucoup aujourd’hui. C’est aussi pour cela que je me suis orientée vers les ESN (entreprises de services numériques) et la conception d’application métiers (logiciels professionnels).”
Jacinthe Busson - Chief product officer / Designer @ Fastory.io
“J’ai grandi dans une petite famille très soudée où la liberté d’expression était l’œuvre de chaque instant. Toute petite, je gribouillais déjà sur les murs et dansais en culotte au milieu de la cuisine sur Les Rita Mitsouko.
Mon père est Artisan Miroitier depuis 1981. Ma mère, ma soeur, ma grand-mère et moi lui avons toujours prêté main-forte quand il le fallait. Le pauvre, que des filles autour de lui 😆
Dans l’atelier familial, ma soeur et moi avons découvert l’architecture, le design d’objet, la décoration, la scénographie… et bien sûr l’artisanat. Cela m’a appris que le travail est une composante essentielle de mon développement personnel. Il n’y a pas de sot-métier tant que tu t’amuses au quotidien.
Le jour de mes 14 ans, mes parents m’offrent un appareil photo argentique. Ce fut la révélation : je serai photographe ! Mon père refuse.
Il est convaincu que le numérique va bouleverser les métiers et nos modes de vie. Il m’encourage, comme pour ma soeur, à m'orienter vers un Bac Arts Appliqués pour découvrir toutes les facettes du Design et explorer bien d’autres disciplines comme l’infographie. Là bas, je fais aussi mes 1ère armes en vente en revendant des CDs de musique piratée pour me payer un nouvel ordinateur… Mais ça, c’est une autre histoire 😉
Après mon BTS, je réalise une alternance d’un an au sein du studio web Mondomix, et effectue plusieurs expériences annonceurs et agences. Ma dernière mission en agence se déroule chez Heaven, dédiée à Microsoft pour Messenger et MSN (peu avant l’arrivée de Facebook). En parallèle, je porte aussi des projets à titre personnel pour me former à l’ergonomie et l’apprentissage des technologies Web afin d’être autonome et tester mes idées.
En 2007, l’UX et l’UI ne sont pas autant démocratisés qu’aujourd’hui. Peu de ressources existent. Après plusieurs jours de réflexion, je prends alors mon courage à deux mains et je lance mon blog Ergophile. Je m’amuse à analyser l’utilisabilité des services et partage mes trouvailles sur l’ergonomie Web et mobile.
Ce blog me permet d’être repérée par Deezer en 2008. Seule designer, je rejoins donc une équipe d’une douzaine de personne. Grâce à cette Dream Team, nous accomplissons de belles choses en un temps record : refonte du site Web, lancement des 1ères applications (mobile, smartphone...), du 1er business model (BtoC et BtoB) et plusieurs expérimentations sur des nouveaux modes d’écoute...
2010, Deezer compte plus de 80 personnes. Je décide de quitter mon poste de Directrice Artistique pour devenir co-fondatrice d’une Start-Up avec Sylvain Weber, ancien développeur de Dailymotion et de Google.
Depuis, nous avons imaginé et conçu trois produits destinés aux professionnels du marketing et de la gestion de projet :
- Kontest (2010 - 2018) était une solution clé en main de conquête et fidélisation client via les jeux marketing. Plus de 20 millions de prospects ont ainsi été engagés et qualifiés pour des clients tels que Danone, L'Oréal, Microsoft, Samsung, Easyjet, Orange, Yamaha...
- Elegantt for Trello (2015 à ce jour) est une extension Chrome dédiée à la gestion de projets. S’appuyant sur l’un des leaders mondiaux du marché, l’extension génère un Gantt en fonction du contenu des boards Trello. Déjà utilisée par plus de 100 000 utilisateurs à travers le monde, elle permet d'obtenir une vue d'ensemble des projets en cours.
- Fastory (2019 à ce jour) - Partenaire Instagram et Facebook. Fastory permet aux marketeurs de mieux captiver, engager et qualifier les audiences à travers la création d’expériences de marques pensées mobile. Nous accompagnons ainsi au quotidien de prestigieuses entreprises comme Warner Bros, Rakuten, Asus, France Télévisions, Petit Bateau…”
Thomas Cierco - Lead product / UX & UI designer freelance
“Depuis tout jeune, j’observe le monde qui m’entoure dans ces moindres détails.
Je suis aussi curieux, je me pose un tas de questions sur comment améliorer ce qui est perfectible et qui permettrait de mieux apprécier chaque moment vécu.
De par ce que j’ai pu constater, cela ne coûte pas forcément plus cher de bien faire.
Ma profession reflète donc une des facettes de ma personnalité.”
Mickaël David - Design Director @ Doctolib
“Pourquoi : Mon amour pour l’épure et la simplicité.
Comment : J’ai accompagné de manière empirique l’évolution des métiers du design numérique depuis maintenant une quinzaine d’années, projet après projet, de consultant fonctionnel à product designer en passant architecte de l’information et UX Designer.”
Baptiste Demarest - UX designer @ MyScript
“J’ai commencé ma carrière en tant que responsable SEO. Bien que passionnant, j’ai rapidement senti en moi comme un déphasage. Je ne souhaitais pas réaliser des services pour mieux plaire à un moteur de recherche. Je voulais, non sans une pointe de candeur, améliorer le quotidien des gens. Participer à créer des solutions et des produits qui répondent réellement à leurs besoins. Le faire alors de façon juste, sans dark patterns, sans manipulations.
C’est à peu près à cette période que j’ai pu découvrir l’UX design via un intervenant dans mon école et une présentation dans un meetup. Tout me semblait être une évidence, comme LA bonne chose à faire. Je me suis donc mis à dévorer tout ce que je pouvais sur le sujet : conférences, livres, articles et organiser des ateliers avec ma copine et des amis pour tester des méthodologies. C’est la voie que j’ai suivie depuis.”
Nicolas Duval - Lead product designer / Manager @ Blablacar
“Mon parcours pour devenir designer n’a pas été linéaire, cependant il reste plutôt classique. Si je prends du recul, il est divisé principalement en deux parties : “le design visuel” et “l’UX”
Le design visuel
Pour être honnête, je n’ai pas eu une révélation un jour qui m’a amené vers le design, j’ai toujours eu une certaine connexion et une attirance au “design” depuis l’enfance sans pour autant me dire que c’était vraiment ce que je voulais faire un jour.
Petit je dessinais beaucoup, je voulais travailler pour Porsche (mon père, grand fan de voiture, aimait m’emmener au salon de l’auto pour que je puisse dessiner celles qu’il rêvait de s’acheter), et je passais des heures à monter des maquettes de grosses cylindrées dans ma chambre. Au départ, c’était surtout la partie “jolie” des choses qui m’attirait. Puis, en grandissant j’ai pas mal hésité sur ce que je voulais faire, passant d’avocat à psychiatre à designer de mode ou architecte (et même basketteur professionnel… oui oui je me croyais grand…).
J’ai suivi un cursus général avant de me perdre un peu, n’ayant pas véritablement d’attirance pour un domaine en particulier. Puis une rencontre m’a emmené dans la bonne direction. Je rencontrais dans mon entourage un “Directeur Artistique” qui m’a beaucoup poussé pour que je continue vers le design graphique, me disant que j’avais un talent naturel pour ça. J’ai du coup repris des études de designer graphique en alternance.
J’ai commencé ma carrière de designer en 2008 dans une agence Multimédia à Paris où j’ai été designer d’interface apprenti pendant 3 ans, et où j’ai passé mon temps à affiner le visuel de mes designs (on travaillait beaucoup sur des projets web événementiels). Puis je suis parti vivre un an aux Etats-Unis pour améliorer mon anglais et tenter ma chance de vivre le rêve américain. Là bas j’ai travaillé pour une agence spécialisée dans les affiches de films. Des raisons personnelles m’ont fait revenir en France.
J’ai repris mon alternance pendant 2 ans dans une autre agence où j’ai commencé à être frustré de ne faire que du joli pour des clients qui ne se posaient pas beaucoup de questions sur leurs utilisateurs. Si on revient aux voitures de mon enfance, c’est le moment où j’ai commencé à être autant intéressé par la conception du moteur que par le travail de la carrosserie.
L'UX
En 2015, j’ai tenté ma chance chez BlaBlaCar, une entreprise avec une vraie mission et une réelle envie de régler des problématiques sociétales et environnementales. N’ayant pas eu de vraie formation en UX, j’ai postulé à une offre de Visual Designer en espérant obtenir un contrat de professionnalisation (je voulais terminer mon diplôme). N’étant pas mauvais comme Visual Designer, j’avais à l’époque prévu de rentrer par le biais du “joli” pour ensuite tenter de me rapprocher de l’UX. Après 9 entretiens et une belle incompréhension, j’ai compris qu’ils ne prenaient qu’en CDI. J’ai finalement décidé de sauter sur cette opportunité, persuadé que j’en apprendrais plus qu’à l’école.
Après pratiquement 5 ans chez BlaBlaCar, entouré de talentueux UX designers, managers et leaders, j’ai fait mon petit bout de chemin en passant de Visual Designer à Product Designer, période pendant laquelle je me suis formé grâce à eux à toutes les techniques de l’UX, à la culture de la simplicité, et à la réflexion utilisateur, pour devenir depuis maintenant un an, Lead Designer. Je ne suis pas reparti depuis, toujours motivé par la mission et par le sentiment de toujours apprendre 😃”
Amina Esselimani - Chief executive officer / Head of design @ Speak UX
"En y repensant, je me rends compte que mon orientation vers le métier de designer vient de la conjonction de plusieurs envies : l’attractivité du numérique, le plaisir d’usage, le beau, le goût du challenge et la capacité de créer un produit utile au quotidien. Les cursus proposés à l’École de Design Nantes Atlantique semblaient répondre à mes attentes. C’est là que je me suis spécialisée en design d’interaction.
J’ai fait mes premiers pas dans le monde professionnel en tant qu’Interaction Designer chez Technicolor, dans le monde de l’IPTV. J’ai ensuite déménagé à Munich, où j’ai travaillé chez Pilotfish pendant 1 an. À mon retour en France, j’ai intégré une agence de design parisienne en tant qu’UX Designer où j’ai évolué pendant 3 ans.
Dès 2016, j’ai choisi de continuer mon métier d’UX designer en indépendante. Ma première mission dans ce nouveau cadre a été chez Oui.sncf où je suis restée 3 ans. J’ai eu la chance d’intégrer leur équipe conversationnelle pour créer de nouvelles expériences de réservation de trains.
C’est là que j’ai vraiment découvert le monde du conversationnel et que j’ai pu explorer les premiers cas d’usage vocaux, une véritable révélation pour moi !
J’ai vite su qu’il fallait que je me positionne sur ce créneau : la voix allait transformer nos usages au quotidien, notamment grâce aux technologies de reconnaissance du langage naturel. J’avais la conviction que, dans certains contextes, ces modes d’interaction pouvaient apporter une valeur d’usage plus forte que les interfaces traditionnelles.
Par la suite, j’ai eu la chance de multiplier les missions dans le conversationnel, dans des secteurs très variés (tourisme, hospitalité, médical, RH, e-commerce, etc.). Des expériences réussies qui m’ont amenée, en 2019, à créer Speak UX !, un studio de design spécialisé dans le Design Conversationnel et le Design Vocal. Aujourd’hui, en tant que Head of Design de Speak UX !, je prends plaisir à partager mon savoir et les bonnes pratiques acquises sur le terrain pour développer des expériences conversationnelles vocales de qualité. Je m’attelle également à guider mes équipes dans l’exploration de nouvelles formes d’interactions naturelles et à accompagner les entreprises dans l’exploitation des nouvelles technologies pour transformer les expériences de leurs clients."
Estelle Garcet - Lead UX researcher chez MyScript
“J’ai commencé à travailler en tant que Chargée de communication dans un cabinet d’architectes. Je n’étais pas vraiment épanouie dans ce que je faisais au quotidien, mais j’avais la chance de travailler avec quelqu’un qui me laissait suffisamment de liberté dans ce que je faisais pour me laisser entreprendre ce qui m’intéressais le plus, la refonte du site web.
La proximité avec les architectes et les urbanistes m’a inspirée sur deux dimensions. La première c’est l’humain, pour qui je conçois ? Et la deuxième c’est la combinaison du concept et de la recherche de l’équilibre esthétique.
C’est d'ailleurs dans cette expérience que j’ai découvert le nombre d’or, mais aussi le modulor de Le Corbusier. À partir de ce moment là, j’ai commencé à me poser des questions sur la conception visuelle, l’équilibre d’une page, le sens de lecture...
Alors forcément j’ai été très influencée dans la refonte du site web et des questions que je me posais sur l’objectif et la cible de ce site. Et comme je suis très autodidacte, j’ai fait quelques recherches pour m’aider à avancer dans ma réflexion. C’est ainsi que j’ai découvert l’UX Design. C’était exactement ce que je cherchais. Alors, j’ai donné ma démission et je suis retournée à l’école, à Gobelins l’école de l’image. L’aventure commençait!”
Audrey Hacq - Head of design chez Openclassrooms
“Depuis toute petite j’aime tout ce qui est lié à l’art et à la création. Cela fait partie de moi. Je me suis donc très naturellement orientée vers des études d’Arts Appliqués. J’ai eu la chance d’être formée dans de très bonnes écoles telles que Estienne et les Gobelins qui m’ont permis de conscientiser et rationaliser ma démarche créative.
J’ai commencé en tant que maquettiste pour Prisma Presse. Je faisais des flyers, des bons d’abonnement et des publicités pour des magazines comme Gala, National Geographic ou Cuisine Actuelle. Mais je sentais que le monde de l’édition n’était pas fait pour moi. J’ai alors très vite intégré des agences “360” en tant que Directrice Artistique. Cela m’a permis de toucher à tout et de monter en compétences sur des domaines variés : de la signalétique, du motion, du print, du web… Et même des bannières promo en Flash 😀
En 2010, j’ai sauté le pas et j’ai rejoint ma première agence 100% digitale.
À cette époque, on parlait peu de “design” pour ce qui touchait la conception d’interfaces, mais je sentais bien qu’il y avait là un métier totalement différent de ceux que j’avais pratiqués auparavant. Je n’étais plus en train de réaliser quelque chose qui allait rester statique, imprimé pour toujours sur un support précis, mais bien de concevoir des expériences évolutives. Il ne s’agissait plus de faire quelque chose de beau ou qui attire l’oeil, mais bel et bien d’accompagner une utilisation, de guider un utilisateur au sein d’un parcours plus global. C’est ainsi que je suis devenue Designer à part entière et que j’ai définitivement abandonné le titre de Directrice Artistique 😉”
David Jeanne - Senior UX Lead & UX Strategist freelance
“Je souhaitais travailler dans les neurosciences dès le lycée. Après une maîtrise en neurophysiologie j’ai complété mon parcours par un master en ergonomie cognitive / sociologie des usages, j’étais conquis ! L’application des connaissances et méthodes d’études sur le cerveau à la conception d’outils, de l’observation jusqu’au prototypage était un vrai plaisir pour moi.
Depuis 14 ans je suis passé par de nombreux domaines d’application (B2B, cockpits de voitures, jeux vidéos, réseaux sociaux, grand public, ….) et j’ai vu le métier évoluer jusqu’à la richesse stratégique dont il fait preuve aujourd’hui. Je ne me lasse pas d’observer des personnes, de les interroger, de mobiliser des intelligences autour d’ateliers de créativité, de concevoir des solutions, … pour délivrer de la satisfaction tant aux utilisateurs qu’aux équipes.”
George Kalmpourtzis - UX Process & Research freelance
“Je suis à l'origine entré dans l'industrie en tant que développeur. Passionné de code, j'ai senti dès le début que la technologie sans but est inutile. Selon moi, la technologie existe pour améliorer nos vies, qu'il s'agisse de notre santé, de notre éducation, de notre communication ou de notre bien-être. En conséquence, soutenu par ma passion pour le jeu et l'apprentissage, je me suis orienté vers le domaine de l'éducation, de la formation et de la conception de jeux éducatifs. J'y ai travaillé en tant que concepteur pédagogique, de jeux et d’UX, après avoir collaboré avec plusieurs équipes en Asie et en Europe.
À travers ces collaborations, il m'est apparu évident qu'à de nombreuses reprises, les équipes trouvaient de bonnes solutions mais pas toujours pour les bons problèmes. Au final, nous avions dépensé beaucoup d'énergie et de ressources pour créer des produits sans valeur pour nos utilisateurs et nos clients, ce qui n'était ni motivant pour nous, ni utile pour nos organisations. Il est dit que le design consiste à la résolution de problèmes. Bien que cela soit aussi vrai, nous oublions souvent que le design consiste également à dénicher les bons problèmes, un art qui nécessite une bonne compréhension des besoins de ses utilisateurs, de ses organisations et du contexte dans lequel nous le concevons.
C'est pourquoi je suis devenu UX Researcher.”
Carole Laimay - Senior UX designer freelance / Facilitation & formation
“Je suis issue d’un parcours en psychologie/ergonomie (2009) et j’ai toujours travaillé avec des méthodes centrées sur l’humain. À l’époque, je comprenais mais n’utilisais pas le mot “design”. J’ai commencé à me familiariser avec le terme en 2014 quand j’ai changé d’emploi et compris la vraie valeur de la démarche qui se cachait derrière. Comme je reste curieuse et que j’aime me former au quotidien via des conférences, livres, rencontres, etc… j’ai rapidement intégré le design à mon vocabulaire parce que c’est ce que je faisais depuis toujours sans le savoir : m’intéresser aux problèmes dans un processus de création qui intègre les parties prenantes.”
Steven Lozach - Head of UX / Product design chez Foyer Group
“C’est lors d'une expérience professionnelle en Chine que j’ai pu mettre les mains, pour la première fois de ma vie, dans le suivi d’un site e-commerce. Ce fut une révélation.
Par la suite et après un parcours scolaire quelque peu « désordonné » j’ai eu la chance de pouvoir rejoindre une agence digitale très formatrice (👋 DISKO) dans laquelle j’ai pu appréhender toute la chaîne de valeur de l’avant-vente à la livraison d’un produit digital.
A cette période, l’UX Design était en plein essor en France. Je me formais beaucoup par de la veille mais il me manquait de la pratique. J’ai donc passé quelques mois chez UX Republic. Cette expérience a alors été le ciment de toutes les notions que je connaissais sur le sujet.
Par la suite, j’ai intégré Zengularity (racheté depuis par Fabernovel) ; une entreprise très axée technologie mais avec une petite équipe de Designers chevronnés, passionnés et passionnants. J’y ai appris beaucoup de choses sur le Product Design. J’ai aussi pu apporter de la méthodologie UX pour contribuer à mettre toujours plus d’humain dans leur processus de conception.
C'est cette dernière expérience qui m’a emmené ici, au Luxembourg, suite à plusieurs projets réussis pour un de leurs clients. Depuis, j’ai eu la chance et l’opportunité de monter from scratch une équipe de Design pluridisciplinaire dont je suis très fier.
Je pense que ce qui m’attire dans le Design, c’est la possibilité d’ordonner les choses, de prendre le contrôle sur la résolution de problèmes réels. Cela tranche avec mon mode de pensée parfois anarchique et cela canalise mon énergie. J’aime aussi beaucoup les échanges réels, avec des vrais gens, et je pense que ce métier est parfait pour pouvoir concilier un travail qui nécessite de la technique et du relationnel. Je trouve cela gratifiant.”
Mona Mliki - Lead UX designer chez Bpifrance
“Par pur hasard, je dois l’avouer. J’ai toujours été intéressée par différents domaines. Après des études d’informatique, de développement logiciel pour être précise, rien ne me destinait à être dans le design. J’ai ensuite intégré une licence CIM (Communication Interactive & Multimédia) où j’ai pu aborder quelques notions de design ; puis à HETIC où j’ai pu concrétiser mon savoir en l’expérimentant en alternance dans une start-up. Expérimentation réussie qui m’a menée là où je suis aujourd’hui.”
Solène Saguez - Head of UX chez Bouygues Telecom
“D'abord, très attirée par l’art depuis toute petite, la créativité était aussi intrinsèque et indissociable de qui j’étais et qui je suis toujours. Bravant le cursus classique qu’on attendait de moi, j’ai très vite atterri en école d’art. Je sentais que le modèle par défaut ne me correspondait pas. En entrant en école d’art, j’ai de suite compris qu’il n’y avait pas un modèle de pensée, ni une seule forme d’intelligence...Une autre voie était possible.
C’est donc avant tout cette démarche et cette liberté de conception (et même plus de co-conception par la suite) qui m’a attirée. Et finalement peu importe pour quel type d’expérience (service, digital, process, event…). Du moment que je pouvais répondre à des problématiques par la créativité. C’est ce qui m’apportait le plus de sens.”
Nicolas Simon - Product designer chez Yousign
“J’ai toujours été attiré par le fait de créer de belles choses qui ont du sens : architecture, design objet, graphic design, etc. J’ai donc suivi un parcours académique en arts appliqués. Par envie – mais surtout par opportunisme – à mes débuts, je me suis d'abord tourné vers la communication visuelle / le webdesign en agence (webmarketing et création de sites internet surtout), à l’époque où Flash était à son apogée mais avec certainement inconsciemment l’idée de concevoir des “produits” qui établissent une relation émotionnelle avec leur utilisateur.
Puis, avec l’apparition de l’iPhone et des applications je me suis de plus en plus orienté vers le Design de produits numériques qui me passionne aujourd’hui et dont j’ai fait ma spécialité.
J’ai par ailleurs eu la chance d’intégrer des grandes structures comme Microsoft ou Voyages-SNCF mais aussi une agence du groupe Havas. J’y ai travaillé sur des sites et produits ayant de grosses audiences ce qui donne d’autant plus de sens à mon travail de Designer.”
19 parcours et pas 2 qui se ressemblent ! Merci encore d’avoir partagé ces moments de vie avec nous.
En espérant que ce 1er article vous a plu, rendez-vous la semaine prochaine pour entrer dans le détail du métier de chacun !
Si cet article vous a plu…
Voici le lien vers les autres articles de cette série :
- Article 1 👉 Apprenez à connaître les 19 Designers participants !
- Article 2 👉 Comment décrivez-vous votre métier à une personne qui ne le connaît pas ?
- Article 3 - #1 👉 Pourriez-vous décrire votre processus de conception habituel ?
- Article 3 - #2 👉 Pourriez-vous décrire votre processus de conception habituel ?
- Article 4 👉 Quels sont les outils que vous utilisez ?
- Article 5 👉 Où trouvez-vous votre inspiration ?
- Article 6 👉 Comment mesurez-vous le succès de vos conceptions ?
- Article 7 👉Que voulez-vous voir dans un portfolio ?
- Article 8 👉 5 questions auxquelles il vous semble important de pouvoir répondre lors d’un entretien ?
- Article 9 👉 5 livres de Design que tout concepteur d’interface devrait lire
- Article 10 👉 Quel est le meilleur conseil en matière de design que vous ayez jamais reçu ?
- Article 11 👉 Quel produit avez-vous récemment vu qui vous semble être un excellent produit et pourquoi ?
- Article 12 👉 Comment voyez-vous l’avenir de votre métier ?
- Article 13 👉 Quelles compétences comptez-vous développer au cours des 5 prochaines années ?
- Article 14 👉 Product Designer, quel conseil vous donneriez vous ?
- Article 15 👉 De quoi êtes vous fier en tant que Product Designers ?
Avant de partir...
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