L’association Hexagon UX accompagne les femmes et personnes non binaires dans leur progression au sein des métiers du design. Rencontre avec Luz Delgado, co-responsable de la communauté en France, à quelques jours d’une session de mentorat très prisée chaque année.
Le 28 septembre prochain, Hexagon UX organise son programme annuel de mentorat. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur cet événement et l’association ?
Luz Delgado : L'association est née en 2013 à San Francisco afin de soutenir et promouvoir les femmes et les personnes non binaires dans les métiers du design. Depuis, elle s’est développée partout dans le monde, avec notamment la création d’une communauté à Paris en 2019. Nous organisons à la fois des événements afin d’aider les femmes à s’épanouir et à grandir dans leur métier, puis un grand programme de mentorat facilite leur montée en compétences. Plus d’une centaine de personnes en ont déjà bénéficié. Cette année, nous avons une trentaine de mentors et de mentorées.
Comment se déroule concrètement ce programme ?
L.D. : Il s’agit d’une expérience de quatre mois durant laquelle une mentorée rencontre sa mentor une fois par semaine pour évoquer des problématiques liées à son métier, ses soft skills, la confiance en soi ou la prise de parole en public. Les sujets dépendent évidemment des objectifs fixés par le binôme en début de programme. La soirée de “speed-matching” est clé car c’est à ce moment que les rencontres se font. Pour gagner en efficacité, nous faisons une présélection en amont en fonction des métiers des mentors et des thématiques que les mentorées souhaitent aborder. Nous laissons ensuite les personnes faire leur choix.
Qui sont les mentors cette année ?
L.D. : Ce sont majoritairement des femmes, même s’il y a quatre hommes comme Damien Boyer, Lead Design Ops chez PayFit. Tous les métiers sont représentés : Product Designers, Head of Design, Head of Product, Content Strategist… On essaie également de rassembler aussi bien des personnes venant de startups, comme Getaround, que de grands groupes ou de cabinets de conseil. Pour citer quelques noms, il y a Léa Mendes Da Silva, Principal Designer chez Snowball, Dezzie Dimbitsara UX Lead chez Google, Solène Saguez, Product Design Director chez Meilleurs Agents ou encore Julie Humez et Clément Reynard de l’agence UX/UI La Grande Ourse.
Pour les mentorées, c’est l'opportunité de dépasser certaines barrières psychologiques et de progresser rapidement.
Comment sélectionnez-vous les mentorées ?
L.D. : Chaque année, nous recevons une centaine de candidatures. Nous faisons une première sélection d’une cinquantaine de personnes en fonction de l’adéquation avec les compétences des mentors, mais aussi de critères pratiques. Le programme n’a par exemple pas vocation à aider les femmes dans la réalisation de leur portfolio ou dans leur recherche d’emploi… Nous affinons ensuite la cohorte après un entretien d’une vingtaine de minutes afin de mesurer leurs attentes et voir si le programme peut permettre d’y répondre.
Qu’est-ce que le programme apporte aux mentorées ?
L.D. : C’est pour elles l'opportunité de dépasser certaines barrières psychologiques et de progresser rapidement. J’ai en mémoire l’exemple de Chiara Angori, aujourd’hui Senior Content Designer de Casavo. C’était une personne déjà très brillante mais qui manquait de confiance en elle. Elle voulait progresser quant à sa prise de parole en public. Sa mentor l’a aidée et, depuis, elle a fait un talk à la conférence Paris Web, a participé à un podcast et elle écrit désormais des articles dont un sur son expérience à travers Hexagon UX.
Et aux mentors ?
L.D. : Cela permet d’adopter une posture de conseil et de prendre du recul sur sa pratique, afin de devenir une meilleure manager. Certaines de nos mentorées sont d’ailleurs devenues mentors. La montée en compétences en termes de leadership est très recherchée. N’oublions pas que le cœur de l’expérience est la transmission bienveillante : ce programme est gratuit et n’est basé que sur du donnant-donnant. Il y a d’ailleurs beaucoup de personnes qui gardent contact même après le programme.
Comment expliques-tu cette sous-représentation des femmes dans le design ?
L.D. : Si elles sont sous-représentées, c’est surtout à des postes de leadership ! Quand on fait les entretiens de sélection des mentorées du programme, on entend fréquemment des enjeux autour du manque de légitimité ou du syndrome de l’imposteur par exemple. D’où l’importance de les mettre en relation avec des femmes qui ont réussi, et pas que professionnellement. C’est toute la force du mentorat !
Comment faire pour vous soutenir ?
L.D. : Nous sommes une association sans but lucratif, donc nous sommes à la recherche de personnes qui pourraient nous mettre à disposition des licences d’outils design ou des locaux pour organiser nos événements par exemple. Nous sommes également à la recherche de bénévoles qui souhaitent nous aider à développer le programme potentiellement dans toute la France.
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Pour contacter Hexagon UX, vous pouvez leur écrire à hexagonux.paris@gmail.com.
Propos recueillis par Kévin Deniau
