Pourquoi l'iPhone a eu tant de mal à grandir

  • mise à jour : 18 septembre 2014
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Ca y est, les iPhones 6 et 6 Plus sont lancés. L'iPhone se lance enfin dans la cour des "grands". Ca commence en effet à faire quelques temps que le Smartphone moyen avait bien grandi. Pourquoi était-ce si "difficile" pour Apple de faire grandir son produit phare ? Quelques pistes de réflexions.

L'iPhone 5, "so 2012 " !

Pour mémoire, voici la tendance des tailles d'écran ces dernières années :
Pourquoi l'iPhone a eu tant de mal à grandir

...alors que l'iPhone 4s propose un écran de 3,5" et l'iPhone 5/s/c 4". Une ou deux générations de retard par rapport au marché.

Pour mémoire, le mode de croissance choisi à l'époque par Apple a fait plutôt sourire...

 

Apple : l'innovation, mais après tout le monde. Pour être sûr.

Déjà, il faut quand même se rappeler que les produits Apple ne sont pas forcément innovants par leurs composants, mais plutôt dans la finition et l'intégration très aboutie de l'ensemble des composants matériels et logiciels. Souvenons-nous : le premier iPhone était 2G à l'époque de la 3G, son appareil photo toujours à focale fixe à l'époque de l'auto-focus (iPhone 3G : incapable de scanner un code 1D ou 2D à cause de ça à l'époque), et il faut attendre l'iPhone 6 pour avoir du NFC. Qui d'ailleurs est verrouillé sur Apple Pay (eh oui... pour les API pour les tiers il va falloir attendre). L'iPhone 6, disposant -toujours- d'un appareil 8Mpixels, du reste (mais c'est un autre débat).

Parce qu'il est également plus prudent, surtout pour attaquer le grand public, de s'assurer avant que "ça marche", et que les autres acteurs du marché défrichent le terrain.

C'est donc Samsung qui a d'abord testé le marché des grands écrans avec son premier Galaxy Note qui avait surpris tout le monde et avait créé le fameux segment maintenant établi des phablets.

Rappelez-vous, à l'époque c'est Rio qui avait tenté d'ouvrir le secteur du player mp3, pour nous faire abandonner walkmans et discmans baladeurs et lecteurs CD portable.

En ce sens, il est normal qu'Apple attende sagement qu'un marché soit établi avant de l'aborder. D'où le décalage d'un à deux ans constaté plus haut sur l'évolution en taille. Avec l'iPhone 6, plus le choix : il fallait quand même grandir.Même s'il n'est toujours pas étanche (alors que les Xperia haut de gamme et le Galaxy S5 le sont) et toujours pas de stylet (le galaxy Note de Samsung l'intègre depuis bien longtemps, grâce à une surcouche tactile de Wacom qui a prouvé son utilité).

Ne pas tomber dans le piège de la fragmentation

Un autre élément qui a certainement tempéré une diversification irraisonnée des formats d'écran est l'exemple d'Android. On peut penser qu'avec une telle diversité de formats, résolutions, position des boutons, il est compliqué pour un éditeur/développeur d'adresser la plate-forme Android ; en fait pas forcément car l'OS Android est prévu techniquement pour faciliter ce point : quand on développe sur Android, il est facile de prévoir plusieurs types de tailles et les écrans sont prévus pour être "élastiques".

Avec Apple, on fait simple (plus facile avec 1 seule marque qui développe OS et hardware) et c'est la promesse d'une uniformité, et donc d'une plus grande simplicité et donc de plus bas coûts pour développer des applications.

Cependant pas facile de doser entre simplicité / uniformité et flexibilité pour s'adapter au marché : Windows Phone, en se limitant trop à une définition très restrictive de la taille et résolution de l'écran, a commencé par rater le virage des tablettes pour finir par s'adapter et adresser ce segment à son tour. En effet, à l'origine un "Windows Phone" (quand le principe étaient que plein de constructeurs devaient en faire) c'était forcément un téléphone (pas de wifi-only!), avec un écran de 800x480, etc. Ce qui limitait énormément les possibilités.

Mais depuis, Nokia/Microsoft a changé tout ça en faisant évoluer ses spécifications hardware et on a des "petits" Lumia de 6":

Ce n'est pas un problème (quand on a de grandes poches) : sur Windows Phone comme sur Android, comme vous le voyez ci-dessus, les touches de navigation (notamment la touche retour) sont en BAS. Ce qui n'est pas le cas sur iOS.

Un péché originel : une navigation en haut de l'écran !

Mais surtout, Apple a été victime d'un péché originel très lourd: le choix du design iOS.

En effet, Apple a choisi de positionner sa logique de navigation en haut de l'écran ! Un choix qui devait sembler plein de bon sens à l'époque. Et pourtant, quelques années plus tard : Android grandit sans problème avec ses touches et sa navigation en bas de l'écran, alors que l'iPhone 5 n'ose pas dépasser une diagonale qui permette d'atteindre (presque) tout l'écran avec son pouce !

Ex : ici en vert, la zone qu'on peut atteindre d'une seule main en tenant l'appareil dans sa main gauche:

Quelle solution propose Apple pour compenser la taille de l'iPhone 6 et le "problème" de la logique de navigation iOS ? Une révision complète d'iOS ? Pas du tout : une manipulation pour faire baisser l'écran. Chacun jugera du caractère innovant ou de l'élégance relative de l'approche.

Extrait de la keynote Apple :
Pourquoi l'iPhone a eu tant de mal à grandir

Leçon à retenir : en matière de Design, il faut aussi savoir anticiper l'avenir au delà des solutions élégantes qui semblent répondre au besoin du moment. C'est aussi ça le Design Thinking.

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