Les apôtres du Lean Startup recommandent aux entrepreneurs et intra-preneurs de construire leurs nouveaux produits en validant leurs hypothèses via des échanges avec des clients, des expériences et des prototypes.
Des recherches récentes, conduites pendant 10 ans auprès de 250 équipes qui ont participé aux US à un accélérateur dédié au “cleantech”, montrent que l’approche Lean Startup peut être efficace mais qu’une stratégie claire et forte est plus importante qu’un nombre incalculable d’expériences.
Tout d’abord, une bonne nouvelle : Oui, la méthode Lean Startup fonctionne. Pour mesurer le succès de la méthode, les chercheurs ont analysé la performance des équipes lors de séances de pitch devant un panel d’experts de l’industrie à l’issue du programme de l’accélérateur. C’est un test très imparfait, bien sur, mais qui est un premier proxy de ce que pourrait être la performance long-terme du projet. Les équipes qui ont émis et testé des hypothèses sur le business modèle ont été environ trois fois plus performantes que celles qui ont travaillé en chambre.
Maintenant, la mauvaise nouvelle : Il n’y a aucune relation linéaire entre le nombre d’hypothèses testées et le succès de l’équipe. En résumé, plus de validations n’apportent pas plus de succès.
Les chercheurs ont également montré que les équipes qui ont mené et formalisé de nombreuses expériences ont même moins bien performé que celles qui se sont contentées d’une ou deux expériences au tout début de leur parcours.
Une des explications possibles de l’effet négatif de la prise de feedback utilisateur est la perte de confiance : trop de feedback tue le feedback ! En effet, recueillir en permanence les avis et les doléances des utilisateurs potentiels va pousser les entrepreneurs à changer de cap en permanence jusqu’à les désorienter complètement.
Une autre explication est que le Lean Startup, bien qu’efficace, requiert du temps, de l’attention et des ressources qui ne sont pas investis sur d’autres sujets. Cette approche du test permanent peut lasser les managers (ou les investisseurs) et les conduire à tuer le produit.
Il est évident que certaines idées méritent une mort rapide si elles ne suscitent aucune traction. Cependant, appliquer une philosophie Lean Startup peut conduire à des « faux négatifs » : de bonnes idées qui sont écartées pour de mauvaises raisons. Une des grandes difficultés de l’approche Lean Startup est de connaître les critères de décisions qui permettent de dire qu’une idée est “bonne”, qu’elle mérite d’être encore testée ou alors qu’elle peut être industrialisée.
Une des recommandations que nous pouvons faire aux entrepreneurs et aux Product Managers qui s’essayent au Lean Startup est d’établir des seuils clairs de GO/NO-GO. Par exemple, si 50% des utilisateurs du segment de early adopters visés sont prêts à payer pour le prototype, alors vous pouvez aller plus loin.
La popularité du Lean Startup est méritée. Mais comme pour toute méthodologie, Il doit être adapté, ajouté et considéré avec pragmatisme. Le principe de validation/invalidation des hypothèses auprès d’utilisateurs potentiels est excellent mais il ne doit pas être un obstacle à la créativité et à l’instinct de l’entrepreneur.
D’après un article de Ted Lash sur les limites du Lean Startup, publié le 7 mars 2016 sur HBR.org
Pour aller plus loin :
La Lean Startup m’a Tuer — Les inconvénients d’une méthode miracle